Du plus loin que je me souvienne, j’ai été amenée à accueillir la détresse de l’autre : ma famille, mes amis, mes clients en difficulté venaient me confier leurs soucis, petits ou grands … Et pendant de nombreuses années, je me suis sentie impuissante. Certes, j’écoutais, j’accueillais. Mais je savais déjà que donner des conseils ne servait à rien. Et surtout, je n’avais déjà pas envie de me mêler de leur vie, de décider à leur place de ce qui était bien ou pas pour eux.
Lorsque j’ai découvert la vision du monde de l’école de Palo Alto, et l’Institut Gregory Bateson (IGB), alors dirigé par son fondateur Jean-Jacques Wittezaele, j’ai eu la sensation de retrouver mis en mots ce que je ressentais depuis toujours et j’ai découvert que l’on pouvait non seulement écouter avec empathie, mais aussi aider efficacement sans choisir pour l’autre, en plein respect.
Je me suis donc engagée dans la démarche de formation de thérapeute de l’IGB, accompagnée dans ce voyage par toute une équipe de thérapeutes dont Tihamer Wertz pour la partie pratique, tout en réalisant une maîtrise de psychologie à Lille 3.
Cette formation me permet depuis près de dix ans de me mettre au service des femmes et des hommes qui le souhaitent.
Il m’arrive souvent de comparer l’être humain malmené par la vie à un petit bateau sur une grande mer.
Mis en difficulté par les vents et les courants, le premier réflexe du marin est de s’arc-bouter pour garder son cap.
Plus le vent le penche, plus il cherche à se redresser. Plus les courants l’entraînent, plus il résiste, usant toute son énergie dans ce combat perdu d’avance.
Et soit il s’enferme et s’obstine dans ce qu’il pense être la bonne solution, soit il s’épuise et dépose les armes.
Poser sa souffrance dans les mains du thérapeute quand le fardeau devient trop lourd!
Voilà qui permet, avec le soulagement qui accompagne ce geste, et comme le petit bateau quand il accepte enfin de baisser les voiles, de laisser se reconstituer les ressources d’énergie et de décider du cap qu’il suivra quand les éléments se seront calmés.
Au thérapeute alors de recueillir ce fardeau, pas pour l’endosser mais pour amener le patient à en enlever le poids inutile.
Aider avec empathie et efficacité, pour briser les circuits bloqués et rendre au patient le plus vite possible la responsabilité de sa vie.
Depuis les débuts de ma vie d’adulte, je suis attentive à la souffrance autour de moi, oreille attentive mais démunie, impuissante à aider.
J’ai découvert dans mes lectures et ma formation à la thérapie systémique et stratégique un mode de penser et d’agir qui correspondait parfaitement à ce que je ressentais tout au fond de moi, comme une mise en mots de ma propre vision du monde.
J’y ai trouvé une façon d’aider sans juger, sans entrer plus profondément que nécessaire dans la vie de l’autre, sans décider pour l’autre.
Permettant à l’empathie de se transformer en aide efficace et efficiente, respectueuse et responsabilisante à la fois.
– Christine Haelewyn